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Crem Road records, 20 années de musique en Nord-Isère
Dernière mise à jour : 29 novembre 2015 22:03 UTC+1
Edit orthographe/coquilles : 03 janvier 2023 08:19 UTC+1
Nicolas Chartoire fin 2015 (DR)
Salut
À l'occasion du lancement de la nouvelle boutique en ligne du label, il m'a paru opportun de revenir un peu sur son histoire, en particulier en pensant à nos amis du Dauphiné Libéré qui avaient été assez aimables pour faire un article à l'occasion du tout premier concert de Delta 9 Surfing City il y a maintenant 20 ans, quand tout a commencé. Malheureusement j'ai perdu la coupure presse de l'époque. Peut être seront-ils heureux d'avoir enfin de nos nouvelles... En tous cas, voici, mesdames et messieurs, l'incroyable épopée d'un label local de musique, depuis les premiers balbutiements jusqu'aux développements actuels. Installez-vous confortablement, c'est une longue histoire.
Le label
Il y a déjà une chose à savoir : le label est en fait centré autour de deux personnes : Morse, de Charvieu, et moi même, Nico, de Janneyrias. Nous nous connaissons depuis le collège et pratiquons tout deux la musique depuis cette époque.
Tous, absolument tous les projets musicaux que le label propose (il y en a 9, pour plus d'une centaine d'albums) comptent dans leur rang soit Morse, soit moi même, soit nous deux, avec une dizaine d'autres musiciens qui apparaissent selon les albums.
Il faut aussi savoir que nous diffusons notre musique gratuitement sur notre site internet. Les rentrées d'argent permettent de couvrir les frais, ça ne va pas plus loin. Nous faisons tout ceci avant toute chose pour que le public ait accès à notre travail, pas pour acheter des voitures de luxe. De toute manière, vu le style de musique que nous produisons, les chances d'y arriver seraient bien faibles...
En effet notre musique n'est vraiment, mais alors vraiment pas du genre de celle que vous entendrez sur les radios, même les plus obscures. Elle est bruyante, brutale et sans concession. Cette ligne éditoriale pour les publications de Crem Road ne procède pas d'un choix vraiment délibéré, simplement nous faisons la musique que nous aimons, et nous aimons la musique bruyante.
Les débuts
Quand j'ai rencontré Morse au collège, il diffusait déjà les enregistrements musicaux qu'il réalisait chez lui, sur des cassettes audio qu'il distribuait dans la cour du collège de Pont de Cheruy... De mon coté, j'apprenais à jouer de la basse et je répétais avec quelques amis. Finalement, seul Pierre, notre batteur, s'est vraiment accroché à l'époque. La municipalité à commencé à nous prêter un local pour répêter et nous auditionnions des guitaristes, mais nous butions toujours sur d'importantes divergences de goût musicaux, les notres était déjà plutôt pointus. Finalement, quand on nous a proposé de jouer pour la fête de la musique, c'est Cyrille, l'un de nos amis, qui partageait notre obsession pour le rock des Pixies, qui s'est mis à la guitare. Nous primes le nom de Delta 9 Surfing City. Il nous restait trois semaines pour mettre au point notre répertoire, autant dire, ce fut une période de travail intensif. J'apprenais la guitare à Cyrille et nous répétions une série de reprises, principalement des morceaux des années 60, revues avec un son grunge/punk.
C'est donc en juin 1995 que l'aventure a vraiment publiquement commencé, avec ce concert qui nous a valu l'honneur d'un petit article dans la presse locale. Nous maitrisions notre propos et la réaction du public fut très encourageante.
Durant les années qui suivirent, Turm nous a rejoint, tandis que Morse, de son coté, démarrait les concerts avec Brainless On Line. En 1997 nous avons mis une page en ligne sur Internet... Delta 9 Surfing City travaillait sa technique de compostion et d'enregistrement, sans chercher à jouer en dehors de sa cave. Le groupe se sépara finalement mi 1998, mais avec Cyrille et Turm nous continuions de répêter, fréquemments rejoints par divers batteurs, dont Ism qui était déjà une gloire locale pour son activité de guitariste chanteur dans Euh.
Au tournant du millénaire
Brainless On Line assurait alors depuis quatre ans de nombreux concerts, et commençait à enregistrer. Mais suite aux départs successifs du chanteur Tao, puis du batteur l'Autrichien parti rejoindre le groupe lyonnais One Second Riot, le groupe s'est finalement séparé.
Pour ma part, c'est en 2001 que les choses prirent une autre tournure. Avec Turm, nous jouions régulièrement avec des musiciens de passage au café-concert de l'Isle d'Abeau, et nous finimes par recruter un batteur, pour un nouveau projet. Comme nous jouions une reprise de "Help", on nous appelait en plaisantant les Beatles II, et le nom est resté.
Le café concert de l'Isle d'Abeau permettait alors d'enregistrer pour une somme modique. O'B1, qui était originaire des Cinq Chemins et un ami depuis nos années collège, avait mis sa carrière de DJ en pause, il travaillait là bas et nous aida à mettre en boite notre EP. Il fut publié en avril 2002 sur notre site. Déjà à l'époque, nous voulions que notre musique soit librement accessible. Le public était encore très méfiant vis à vis d'internet, généralement quand nous disions que nos morceaux pouvaient être téléchargés depuis notre site on nous répondait "mais on va vous voler votre musique". Ça ne nous a pas arrêté. À l'heure actuelle, tout le catalogue du label reste en libre accès sur le web.
Milieu de la décennie 2000
Mais l'aventure Beatles II ne dura pas très longtemps... Notre batteur finit par se lasser... Nous continuions à jouer, dans les festivals locaux, dans les petites salles, voire dans les free parties... Ism nous pretta main forte à la batterie en ces occasions. Nous trouvames un autre batteur, mais la motivation s'essouflait, et finalement le groupe cessa toute activité au milieu de l'été 2002
Turm, de son coté, s'est mis alors à aller répêter régulièrement avec Fulvio, un ami de lycée originaire de Chozeau, lui aussi fan obsessionel des Pixies, qui venait souvent jouer avec nous vers 1999/2000... Tandis que moi, je m'enfermais dans ma chambre et travaillais l'art de la composition. Finalement, fin 2003 Fulvio me contacta avec l'idée de lancer un nouveau projet musical. Nous commençammes par comparer nos objectifs lors d'interminables discussions pour définir notre ligne artistique... Au début de l'été nous commencions à répéter avec Turm, rapidement rejoints par Ism.
Ce fut la brève et intense aventure Gorbie's Stuff. Très vite nous enchainions les concerts, sur le Nord Isère d'abord puis sur Lyon ensuite... Je ne comprends toujours pas comment notre succès pût être si brutal. J'avais ma chanson, "Somethin", dont je reste très fier et qui a d'ailleurs été reprise par Matmix, un musicien français établi à Berlin. Ce morceau était notre hymne. Lors de notre premier concert lyonnais, la salle était comble... Et il y avait encore deux fois plus de public dans la rue devant le batiment pour écouter la musique qui filtrait, en plein mois de décembre... Nous diffusions, à ce moment là, notre musique auprès de nos fans en distribuant des CDs ou en envoyant les morceaux par email. Mais Gorbie's Stuff procédait d'une chimie explosive. Turm, puis Fulvio, annoncèrent coup sur coup leur départ... Nous auditionames avec Ism quelques autres musiciens pour les remplacer, mais de mon coté j'avais été lassé par les tensions internes... Et celà n'a débouché, au final, que sur la séparation définitive du groupe.
Jusque 2010
Immédiatement après la séparation de Gorbie's Stuff, ce fut, pour moi, une nouvelle année de pause, je composais seul dans ma chambre en attendant des jours meilleurs...
Mais très vite, j'ai été rejoint par Fulvio, au sein de notre duo The Kuang, qui commença a enregistrer en 2006 pour publier finalement son unique EP en 2009. Entretemps, j'avais commencé à publier de mon coté des albums au sein de plusieurs projets solo... Le catalogue du label commençait à s'étoffer, surtout que nous commencions à fouiller les archives de Gorbie's Stuff et de Brainless On Line... Nous fumes brièvement rejoint par un autre musicien local, Sultor Nacle, mais il nous quitta environ deux ans plus tard.
Après 2010
C'est en octobre 2010 que démarra Me In The Bath, un projet pour lequel je suis fréquemment rejoint par mes anciens comparses. Curieusement, c'est à ce moment là que l'accueil public commença à vraiment décoller, de plus en plus de diffusions en webradio, d'apparitions sur des compilations, dans les classements de musique indépendante... Me In The Bath est le plus actif des projets musicaux du label actuellement, généralement nous donnons chaque année un concert dans le nord-Isère à l'occasion de la Fête de la Musique. Un nouvel album est en cours de production, et deux morceaux ainsi qu'une vidéo sont déjà sur Cremroad.com en avant première.
Les projets futurs
Nous avons fini par enfin avoir une boutique en ligne pour la vente d'albums sur support physique, de T-shirts et autres posters, alors qu'auparavant il fallait nous contacter... Maintenant tout est disponible en quelques clics. Il est prévu d'ajouter bientôt un abonnement payant à notre site pour pouvoir télécharger en avant première les morceaux d'albums non encore terminés. Généralement ils sont déjà disponibles gratuitement en écoute intégrale. Nous sommes en pourparler avec plusieurs musiciens proches de notre esthétique pour que, peut-être, ils nous rejoignent... En attendant, Me In The Bath continue de travailler sur son nouvel album, "Introducing Snakes In Ireland", qui devrait être terminé ce printemps.
En un mot, cela fait vingt ans, mais nous n'avons pas décroché ! Le label reste actif et nous sommes toujours ravis de recevoir un petit mot de l'une ou l'autre des personnes que notre musique a pu toucher. Nos aventures continuent, pour encore longtemps j'espère...
N. Chartoire